L'homme
vivait sur la Terre, avec quelques millions d'animaux. Sans trop savoir ce
qu'il était. S'il avait pu entendre parler de Dieux - il était encore trop tôt, lui-même ne parlait pas ! - il aurait affirmé qu'il en était un : aucun animal n'avait
ce Pouvoir d'utiliser, de transformer les choses. Ce Pouvoir de maîtriser son
territoire.
L'homme
n'était pas modeste. Il est vrai qu'à cette époque, la modestie n'existait pas.
C'est dans
une rivière que l'homme a découvert son humanité.
Une toute petite rivière, à peine plus qu'un ruisseau... Mais à la surface lisse et sombre, et l'homme ne savait pas nager.
Une toute petite rivière, à peine plus qu'un ruisseau... Mais à la surface lisse et sombre, et l'homme ne savait pas nager.
Il voulait
traverser, pourtant : en face, le ciel était plus bleu.
Avec une
pierre aiguë qui dormait à côté, il a tranché un arbre qui poussait sur le
bord, et l'arbre, docilement, a enjambé la rivière.
L'homme a
regardé le premier pont artificiel. Il est monté dessus. Sans émotions : il n'était
pas encore vraiment l'homme. Trois pas avant l'autre rive, il a glissé, il est
tombé dans la rivière.
Il ne s’est
pas noyé : la rivière, toute la rivière, avait un bras de profondeur.
Assis dans
l'eau, trempé, il voyait son visage dans la surface, un visage bien trop petit
pour être celui d'un Dieu.
Et devant lui, l'arbre abattu. A côté, la pierre dormante.
Et devant lui, l'arbre abattu. A côté, la pierre dormante.
Pour la
première fois, à la surface de la Terre, on entendit un drôle de bruit.
L'homme
riait.
Le premier
rire de l'homme, juste après la prise de conscience de l'homme, était amer.
Des enfants
qui jouaient là, dans la clairière à côté, entendirent ce rire, et, curieux
comme des enfants, vinrent regarder la pierre, l'arbre tombé, et l'homme
mouillé qui riait dans la rivière.
Et tout
d'abord, ils eurent très peur, ils se serrèrent les uns contre les autres.
L'homme s'arrêta
de rire et les regarda.
Alors,
comme tous les enfants ils s'enhardirent. L'un après l'autre, gauchement, ils
traversèrent le pont, sans tomber.
Quand ils furent sur l'autre rive, ils se serrèrent à nouveau tous ensemble et ils regardèrent l'homme, avec de grands yeux étonnés.
Quand ils furent sur l'autre rive, ils se serrèrent à nouveau tous ensemble et ils regardèrent l'homme, avec de grands yeux étonnés.
Et l'homme
sourit.
Le premier
sourire de l'homme, juste après le premier rire de l'homme, fut tendre.
Et fugace.
Et fugace.
Bêtement, c'est
de lui qu'il eut honte.
Et ça n'a pas changé !
Et ça n'a pas changé !
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Premier rire, premier sourire...
Premier jour de 2015 :
Souriez, riez, soyez heureux... Aussi souvent, aussi longtemps que vous pouvez l'être !
Philippe Colliard
P.S. : je vous
avais annoncé, pour le premier de l'an, un texte souriant ! :)
Vous pouvez évidemment le retrouver, à la suite de « roulette russe » de « Georges »
et d’« Adolphe » (un petit texte tout bleu), en cliquant sur Ioran et autres textes.
Vous pouvez évidemment le retrouver, à la suite de « roulette russe » de « Georges »
et d’« Adolphe » (un petit texte tout bleu), en cliquant sur Ioran et autres textes.
P.P.S. : mais oui, les maths reviennent... Dès le prochain article :)