Colonne « commentaires » du programme de mathématiques de
cinquième - celui qui doit bientôt changer :
l'acquisition des
priorités opératoires est un préalable au calcul algébrique. Les questions
posées à propos de résultats obtenus à l'aide de calculatrices peuvent offrir
une occasion de dégager les priorités opératoires usuelles.
Un préalable au calcul algébrique ? Sans aucun doute !
Mais est-il nécessaire de faire intervenir ici les
calculatrices, et qui plus est, de leur attribuet un rôle de « sages », de
gardiens de l'orthodoxie ? Alors que dans la colonne
« capacités » du même paragraphe, on lit :
« capacités » du même paragraphe, on lit :
Effectuer une
succession d'opérations données sous diverses formes (par calcul mental, à la
main ou instrumenté) uniquement sur des exemples numériques.
Pourquoi ne pas d'une part, s'appuyer sur des calculs
mentaux simples, et d'autre part attribuer à l'humain - et en particulier au
mathématicien - ce qui lui appartient ?
Pourquoi ne pas demander à nos élèves de n'avoir devant
eux qu'un brouillon et un stylo, écrire au tableau un calcul comme celui-ci : a = 30 – 20 : 5 x 2 + 18 – 8 :
4 …
Et leur demander de calculer a ?
Pourquoi ne pas prendre le temps de leur montrer que les
différentes réponses qu'ils obtiennent proviennent de lectures différentes de
cette ligne de calcul (bon, et aussi parfois d'erreurs de calcul, c'est vrai) ?
Pourquoi ne pas leur expliquer que ce sont les
mathématiciens qui se sont mis d'accord, il y a longtemps - bien avant les
machines ! - sur un principe commun d'écriture et donc de lecture d'une chaîne
d'opérations ?
Et que les calculatrices ont été évidemment programmées
pour obéir à ce principe.
pour obéir à ce principe.
Pourquoi ne pas en profiter pour mettre en avant la
volonté qu'avaient ces mathématiciens d'imposer des règles simples. Simples à
mémoriser, simples à appliquer... Et aussi peu nombreuses que possible.
Bien sûr, derrière ces règles se cache une connaissance
des structures numériques qui échappe à nos élèves, mais dont ils n'ont pas
besoin pour les utiliser :
derrière la séparation des quatre opérations « de base »
en deux familles, on retrouve les groupes (R,+) et (R*,x) (on les retrouve également dans la
possibilité de calculer
12 : 7 x 28 : 3 sous la forme 12 : 3 x 28 : 7)
12 : 7 x 28 : 3 sous la forme 12 : 3 x 28 : 7)
Mais une fois ces deux familles identifiées, les priorités opératoires usuelles citées
par le programme officiel prennent tout leur sens d’usuelles : c'est à l'usage qu'il a été choisi de donner la priorité
à la famille « multiplications - divisions ». C'est à l'usage également qu'il a
été décidé qu'une succession d'opérations de la même famille, sans parenthèses
apparentes, sous-entendait des parenthèses emboîtées de la gauche vers la
droite :
12 : 3 x 28 : 7 x 2 = (((12 : 3) x 28) : 7) x 2 ...
12 : 3 x 28 : 7 x 2 = (((12 : 3) x 28) : 7) x 2 ...
Une séance suffit pour convaincre une classe
d'interpréter une chaîne d'opérations dans l'esprit dans lequel elle a été écrite.
Une autre séance pour initier la classe à l'intérêt des
parenthèses :
- expliquer
qu'une chaîne entre parenthèses est simplement un calcul qu'on a oublié
d'effectuer, ou qu'on a remis à plus tard... Ou qu'on a décidé de déléguer à
d'autres
- ce que peuvent faire certains ordinateurs qui travaillent en parallèle.
- ce que peuvent faire certains ordinateurs qui travaillent en parallèle.
- Éventuellement
tempêter, si on le souhaite, contre l'idée que les parenthèses sont
prioritaires (en profiter pour faire la différence
entre prioritaire et incontournable !)
Une dernière séance pour observer des chaînes avec
plusieurs parenthèses (en profiter, maintenant, pour malmener l'idée que les «
parenthèses les plus emboîtées » doivent impérativement être traitée avant
toutes les autres) - et pour vérifier, au cours d'une courte interrogation
écrite, que le message est bien passé…
Et voilà ! Il me semble que les calculatrices ne viennent
qu'après, éventuellement bien après :)
Si cela vous intéresse, vous trouverez mes feuilles de
cours « opération et priorités »
en cliquant sur « ébauche » (elles sont naturellement en licence Creative Commons).
en cliquant sur « ébauche » (elles sont naturellement en licence Creative Commons).
J'y ai également « publié », juste en dessous, une
feuille d'explications (à mes élèves) de ce que j'appelais des « rams »,
et une feuille A4 composée d'une première « ram » sur ce thème, et de sa
correction.
Merci à celles et à ceux qui continuent à s'intéresser à ce
que j'écris... Et qui me le font souvent savoir en privé (peut-être que de
temps en temps, un commentaire public - pas trop désagréable - serait
envisageable ?)
À bientôt ?
Philippe Colliard