Il
y a des soirs, comme ça, où je trouve le ciel lourd, les nuages inquiétants...
Des soirs où mon humeur est particulièrement morose. Des soirs comme celui-ci,
où la relecture de « l'enseignement de la géométrie » de Gustave Choquet me
ramène plus de 40 ans en arrière, où je retrouve sa conception de
l'enseignement... Et ce qu’il en est advenu !
Je
ne sais pas si la géométrie fait partie des éléments nécessaires d'une culture bien
construite.
Ce
que je sais, c'est qu'entre la compréhension qu'en avait un élève de 15 ans raisonnablement
attentif en 1975 et celle que peut en avoir un élève du même âge, même très
studieux, en 2015... Il y a un gouffre !
Pourquoi
? J'y reviendrai peut-être dans un autre article, si je m'en sens la légitimité. Ce
soir, je voudrais juste essayer de vous faire partager ce sentiment de gouffre.
Lisez
tout d'abord ce que Gustave Choquet écrivait, en 1964, dans l'introduction à
son livre :
Le problème est moins simple aux âges
intermédiaires, disons entre 13 et 16 ans.
L'enfant commence à comprendre ce qu'est une
démonstration; chez certains s'éveille une véritable soif de logique,
indiquant que le temps est venu d'aborder sérieusement le raisonnement déductif. On va
donc faire établir par l'enfant des morceaux de raisonnement déductif, en prenant
soin de lui faire toujours préciser ses prémisses.
Il est donc indispensable que le maître de
ces enfants dispose d'une axiomatique sous-jacente complète. Diverses expériences
ont d'ailleurs montré le goût que manifestent certains enfants, pour une axiomatique précise; pour ceux-ci les mathématiques apparaissent comme un jeu aux
règles strictes, et ils ont une grande joie à jouer correctement ce jeu.
Il nous
faut donc trouver une axiomatique simple, aux axiomes forts, c'est-à-dire donnant très
vite accès à des théorèmes non évidents, et intuitifs, c'est-à-dire traduisant des
propriétés de l'espace qui nous entoure faciles à vérifier.
Peu importe qu'ils ne soient pas
indépendants; mais je ne pense pas qu'il soit désirable, comme l'ont préconisé certains
professeurs, de prendre au départ de très nombreux axiomes : le jeu
mathématique basé sur trop de règles, devient complexe
et prend une allure de fragilité et d'incertitude…
(Cf
cette page déjà citée, sur L’enseignement de la géométrie)
Lisez ensuite, si vous le voulez bien, les deux
dernières pages (six et sept) du texte sur les axiomatiques de Choquet
( Donc, d'après - extraits puis "compléments" ),
( Donc, d'après - extraits puis "compléments" ),
où
j'ai retranscrit ce qu'il a appelé son axiomatique
de la « petite géométrie », c'est-à-dire une axiomatique simplifiée, destinée aux adolescent(e)s.
Lisez... Pour des élèves « raisonnablement attentifs », ces
deux pages étaient - en 1975 - sinon limpides, tout au moins parfaitement
compréhensibles, et j'ai eu de nombreuses occasions d'en parler à des élèves de
seconde, voire de troisième, à cette époque.
Les proposeriez-vous aujourd'hui à la lecture d'un élève de
seconde ?
À
bientôt peut-être, et de meilleure humeur,
Philippe
Colliard
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